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Frida Kahlo : L’autoportrait comme catharsis (suite)

Jeunesse, maladie et accident


Quelques éléments de biographie






Illustration : Portrait des parents de Frida Kahlo le jour de leur mariage









Commençons par faire connaissance avec l’artiste. Magdalena Carmen Frida Kahlo y Calderon , plus connue sous le nom de Frida Kahlo , naît le 6 juillet 1907 à Coyoacán (banlieue chic de Mexico).


Sa mère, Matilda Calderon y Gonzalez (1876-1932) est métisse, d’origine espagnole et indigène de la région d’ Oaxaca (sud-ouest du Mexique). Peintre amatrice, c’est elle qui transmettra à Frida son goût pour les vêtements traditionnels mexicains, en particulier les vêtements Tehuana de l’ isthme du Tehuantepec , dès son plus jeune âge.

Quant à son père, Wilhelm Kahlo (1871-1941 // espagnolisé en “Guillermo” par l’homme lui-même), il s’agit d’un émigré allemand arrivé au Mexique en 1890 . Épileptique, taciturne, homme d’ordre et de routine, il est cultivé et goûte notamment la philosophie de Schopenhauer (1788-1860), Nietzsche (1844-1900), Goethe (1749-1832) ou encore Schiller (1759-1805). Introduit à la photographie par son beau-père et devenu photographe majeur du gouvernement de Porfirio Diaz (1830-1915 // président du Mexique jusqu’en 1911 ), il a capturé le patrimoine architectural du Mexique et son cheminement vers la modernité.



Illustration : Guillermo Kahlo, Matilde Calderón y González , 1897, épreuve gélatino-bromure sur papier, Museo Frida Kahlo


Expert de l’art de la mise en scène comme en témoignent les portraits qu’il prend de la mère de Frida Kahlo, ici en héroïne mexicaine, ou même ses propres autoportraits, on suppose que Frida est sa fille préférée sur les 3 filles qu’il a eues, comme en témoignent de nombreux portraits qui témoignent de son affection pour elle, en plus de représenter les différentes étapes de son enfance.






Illustrations : Guillermo Kahlo, Autoportrait , vers 1900-12 (à g.) et Guillermo Kahlo, Frida Kahlo à l’âge de 4 ans , 1911, México, Museo Diego Rivera y Frida Kahlo (à d.)










De plus, il lui transmet l’art de la mise en scène et de l’autoportrait, la manière de regarder directement vers l’objectif, ce qui fait qu’on considère généralement que la photographie est le premier médium photographique que Frida Kahlo ait appris, très jeune, alors qu’elle prenait la pose pour son père. En effet, plus tard, elle utilisera souvent des photographies comme bases pour ses peintures.



Illustration : Inconnu, Frida Kahlo , 1911, gélatino-bromure sur papier, México, Museo Frida Kahlo


À première vue, Coyoacán (son lieu de naissance) aurait pu être l’endroit parfait pour une enfance heureuse, mais le destin va malheureusement en décider autrement, car Frida Kahlo va connaître très tôt plusieurs épreuves dans sa jeune vie. Pour commencer, elle ne sera pas élevée par sa mère mais par une nourrice, sa mère étant incapable de s’occuper du foyer et souffrant de dépression, son père s’enfermant dans son bureau pour jouer au piano. Cette absence de présence maternelle créera une peur de l’abandon chez l’artiste. Par ailleurs, de nombreux experts pensent qu’elle serait née avec une spina bifida , maladie se caractérisant par le développement incomplet de la colonne vertébrale. Cette malformation sera la première des affections et problèmes de santé auxquels l’artiste devra faire face toute sa vie.



Illustration : Guillermo Kahlo, Frida Kahlo à l’âge de 6 ans , 1913


En 1913 , à l’âge de 6 ans, elle contracte la poliomyélite à la suite d'une mauvaise chute sur une racine. Alors que son pied commence à s’atrophier, le diagnostic révèle la présence de cette maladie qui va rapidement contraindre Frida Kahlo à l’isolement, en plus de miner son esprit et sa confiance. En effet, subissant des humiliations à l’école, où elle gagne le surnom de “Frida la boiteuse”, sa scolarité est retardée de plusieurs mois. Plus grave encore, la maladie a pour conséquence irréversible que sa jambe droite sera plus courte que l’autre. Pour faire face à cette maladie qui l’isole et la rend victime d’insoutenables railleries, elle décide de s’inventer une amie imaginaire afin de l’accompagner à travers la douleur.




Illustrations : Guillermo Kahlo, Frida Kahlo , 1919 (à g.) et Carte d’étudiante de Frida Kahlo à l'École nationale préparatoire en 1922 (à d.)










De façon générale, cette expérience va faire de Frida Kahlo une enfant introvertie, ne souriant plus, même si la maladie est soigneusement traitée. C’est suite à cet événement en particulier qu’elle devient la préférée de son père qui lui enseigne la littérature, les sciences naturelles et la philosophie. Elle prend aussi des cours de peinture et sera la seule de ses sœurs à aller à l’école secondaire. Puis, lorsqu’elle commence à aller mieux, son père l’encourage à faire de l’exercice pour recouvrer ses forces et à pratiquer des sports tels que la lutte et la boxe bien qu’à l’époque ils étaient considérés comme inadaptés aux filles.


Du point de vue artistique, elle est initiée par son père à la photographie car elle l’aide à retoucher, développer et coloriser des photos, en plus de l’accompagner quand il travaille afin de l’aider à porter son appareil photo (son père pouvait être pris de crises d’épilepsie).


Un accident à la trace indélébile


"Ce fut un choc étrange, il n’était pas violent mais sourd, lent, blessant tout le monde. Moi surtout [...] Le choc nous projeta vers l’avant et la main courante me transperça comme l’épée transperce le taureau. Un homme, voyant la terrible hémorragie, me ramassa et m’allongea sur une table de billard jusqu’à l’arrivée de la Croix-Rouge. Je perdis ma virginité, mon rein se ramollit, je ne pouvais plus uriner, et ce dont je me plaignais le plus était la colonne vertébrale.” Frida Kahlo


lIlustration : Frida Kahlo, L’accident , 1926, crayon sur papier, México, Museo Dolores Olmedo


Alors que la vie suit son cours et que l’artiste est étudiante en université de médecine, parmi les 35 filles admises sur plus de 2000 étudiants, un terrible drame survient. Seulement âgée de 18 ans, le 17 septembre 1925 , elle est victime d’un grave accident qui

l’oblige à garder le lit pendant plusieurs mois et à abandonner ses études. Le jour de la Fête nationale mexicaine, alors qu’elle était avec son petit-ami de l’époque, Alejandro Gomez Arias (1906-1990), son autobus est percuté par un tramway. Plusieurs morts sont à déplorer, et si son petit-ami s’en sort indemne, il n’en va pas de même pour Frida Kahlo : non seulement elle est fracturée de toutes parts (plus de 20 fois) mais en plus, la main courante du bus vient perforer de sa hanche à son vagin, brisant pour toujours sa colonne vertébrale (elle dira avoir perdu sa virginité ce jour-là). Ironie du sort, la jeune femme avait initialement pris place dans un autre bus mais avait décidé d’en changer après s’être rendue compte qu’elle avait égaré son parapluie.


De ce drame qui faillit lui coûter la vie et dont elle ne se remettra jamais physiquement et moralement, l’artiste restera alitée 3 mois avant qu’on ne lui découvre une vertèbre cassée et syndrome d’Asherman qui seront les causes de plusieurs fausses couches. Elle subit des dizaines d’opérations afin de se remettre au mieux de ses blessures, avant de rentrer chez elle pour poursuivre sa convalescence. En 1926 , elle qui dessinait des croquis dans son enfance va dessiner l’accident d’autobus dont elle a été victime dans cet unique dessin de sa vie où elle revient sur cet épisode.


Maintenant que je vis sur une planète douloureuse, transparente comme la glace; rien n’est caché, c’est comme si j’avais tout appris en quelques secondes, en une seule fois.” Frida Kahlo à Alejandro, 29/09/1926, dans une lettre


Illustration : Retablo dédié à la Vierge de Douleurs et retouché par Frida Kahlo, 1925


En outre, comme cela était souvent ancré dans les habitudes populaires, elle se met à collectionner de nombreux ex-votos mexicains ayant pour sujets des accidents impliquant

des véhicules. Comme ici, dans cette peinture votive, où elle récupère une peinture sur métal décrivant une scène très similaire à celle qu’elle a vécue. Afin de situer le contexte de l’accident, elle choisit d’ajouter l’inscription “Coyoacan” ainsi que son quasi monosourcil caractéristique à la victime accidentée et étendue sur la route.


De plus, elle écrit en bas de la peinture cette dédicace relative à ce qu’elle avait vécu, en s’inscrivant dans l’iconographie habituelle des ex-votos et en l’occurrence des remerciements rendus à la Vierge Marie. L’inscription permet par exemple de lire “Mr et Mme Guillermo Kahlo et Matilde Calderon de Kahlo remercient Notre Dame du Pardon d’avoir sauvé leur fille de l’accident qui prit place en 1925 au tournant des rues de Cuahutemozin et Calzada de Tlalpah.


Il peut sembler curieux que cette artiste, connue pour son athéisme et son ralliement au communisme, reprenne une iconographie religieuse. Mais la valorisation des pratiques populaires entre dans la recherche identitaire qui caractérise l’après Révolution de 1910 , la mexicanidad , qui a correspondu avec la nécessité de retrouver des racines propres au peuple mexicain.


Au-delà de la tragédie, l’accident que subit Frida va donner un tournant décisif à sa carrière, puisque c’est alitée durant de longs mois, chez elle, que la jeune femme va trouver dans l’art un moyen de trouver un passe-temps constructif sur lequel concentrer son esprit en plus d’agir comme une thérapie . C’est semble-t-il sa mère qui va faire fournir à Frida Kahlo un chevalet adapté à son environnement, duquel elle peut peindre tout en étant allongée, ce grâce à un ingénieux système de miroir. Ce sujet unique et principal durant son rétablissement, sa propre effigie, due initialement à une contrainte pratique (elle était la seule sujet qu’elle pouvait peindre quand elle le souhaitait, sans faire poser de modèle), va devenir rapidement un moyen d’explorer son propre esprit mais aussi de nombreuses questions identitaires et existentielles. On peut donc considérer que le travail de création chez Frida Kahlo, loin d’être une vocation, s’apparente en fait à une stratégie de survie : sa peinture s’alimente du besoin de colmater les brèches, d’aménager ou de soulager sa douleur.


"Je peins des autoportraits parce que je me sens si souvent seule, parce que jesuis la seule personne que je connais le mieux” Frida Kahlo


Illustration : Frida Kahlo, Autoportrait à la robe de velours , 1926, huile sur toile, 125 x 170 cm, Mexico, Museo Frida Kahlo


Le tout premier tableau significatif de l’artiste est peint en 1926 . En l’occurrence, il s’agit de son tout premier autoportrait. Celui-ci porte la trace de son étude attentive des maîtres italiens de la Renaissance qu’elle découvre pendant sa convalescence, en particulier Botticelli (1445-1510), Bronzino (1503-1572) et Parmigianino (1503-1640), tout en affirmant la singularité d’un style très personnel, miniaturiste, d’inspiration populaire, ainsi qu’une présence très intensément frontale du sujet.






Illustrations : Frida Kahlo, Autoportrait à la robe de velours , 1926, huile sur toile, 125 x 170 cm, Mexico, Museo Frida Kahlo (à g.) et Sandro Botticelli (1445-1510), La Naissance de Vénus (détail), vers 1485, tempera sur toile, 172.5 x 278.5 cm, Florence, Galerie des Offices(à d.)





Premier d’une longue série, cet autoportrait dédié à Alejandro la dépeint avec une pose paisible et un visage serein, en dépit de l’accident dont elle a réchappé. Sa pose frontale, classique, possède beaucoup de points communs avec La Naissance de Vénus de Botticelli. Elle écrit d’ailleurs à son petit-ami qu’elle a peint son “Botticelli”. Si on la compare avec son illustre précédent, on peut retrouver : la main aux doigts effilés posée sur son sein, le cou démesurément étiré, la mer dont les vagues stylisées s’enroulent à l’arrière-plan. Mais à la différence de la déesse nue, Frida est vêtue d’une robe de velours, qui donne d’ailleurs son nom à la toile, ce qui ne l’empêche pas de dégager une grande sensualité, peut-être le moyen pour elle de réaffirmer une féminité mise à mal par la maladie.


De façon générale, on va voir que la plupart de ses tableaux seront issus d’un besoin d’extérioriser ses sentiments profonds, tout en affirmant plus tard l’héritage de l’art mexicain et religieux des ex-votos, qui relèvent de superpositions d’images avec des temps et des espaces distinct au sein d’une même œuvre. Ajoutons à cela qu’à une époque où le monde de l’art, majoritairement masculin, représentait encore la forme féminine comme objet de désir pour l’homme, Kahlo va redéfinir tableau après tableau son propre sujet, en allant à l’encontre des idéaux de l’époque.


D’égérie à artiste accomplie



Illustration : Imogen Cunningham, Frida Kahlo , 1931, épreuve à la gélatine argentique, 29.2 x 23.7 cm, Ottawa, Musée des Beaux-Arts du Canada


Dans les années qui suivent, si la maladie et son accident affectent durablement son quotidien, ils ne l’empêchent pas pour autant de séduire et de conquérir le monde. Déjà en 1923 , elle avait rencontré pour la première fois Diego Rivera, alors qu’il travaillait à la réalisation de fresques à la Escuela Nacional Preparatoria où elle était étudiante en médecine. En 1928 , elle lui demande un premier avis sur ses toiles empreintes de blessures, tout en affirmant : “Je ne veux pas de compliments. Je veux les critiques d’un homme sérieux. (...) Je suis tout simplement une fille qui a besoin de travailler pour vivre (...) parce qu’elle sait que c’est sa seule chance de survie, cette peinture-miroir où elle puise son aliment, sa substance”. Une seconde rencontre a lieu en 1929 , par l’entremise de leur amie commune, la photographe communiste Tina Modotti (1896-1942).


Ce seront les noces d’un éléphant et d’une colombe”, Guillermo Kahlo


Illustration : Ernesto Reyes, Frida et Diego le jour de leur mariage , 21 août 1929, épreuve gélatine, Coyoac án


Peu de temps après, les deux artistes se marient sans l’approbation de la famille de Frida Kahlo, en raison notamment de leur grande différence d’âge (plus de 20 ans) ainsi que la vie tumultueuse de Diego Rivera, déjà marié plusieurs fois auparavant, et connu pour ses infidélités.



Illustration : Frida Kahlo, Autoportrait (Le temps vole) , 1929, México, Museo Diego Rivera y Frida Kahlo


L’influence du style pictural de Diego Rivera se ressent chez Frida Kahlo dans cet autoportrait peint l’année de leur mariage. Alors que précédemment elle imitait les peintres de la Renaissance, elle opte désormais pour un style folklorique mexicain plus traditionnel, préféré par Diego qui incorpore des couleurs et des techniques audacieuses utilisées dans l’école nativiste.


Se positionnant au centre du cadre, elle regarde directement le public avec une expression sereine, ses yeux écarquillés, son front caractéristique peint pour ressembler à un oiseau aux ailes ouvertes, clin d'œil subtile au titre de la peinture. À sa droite se trouve une pile de livres surmontés d’une horloge indiquant 2h43. L’importance de cette heure n’est pas connue. Au-dessus de sa tête se trouve un avion pointant vers le nord-est, ressemblant également à un oiseau à ailes ouvertes en vol. De lourds rideaux verts attachés avec des cordes rouges cèdent la place à un ciel bleu vif laissant présager l’exubérance et l’espoir.


Concernant ses vêtements, elle arbore un haut et des bijoux mexicains traditionnels tandis

que ses cheveux sont séparés au milieu et épinglés. Les joues rouges ajoutent de la couleur et suggèrent la santé. Autant de notes édifiantes qui s’écartent des autoportraits antérieurs où elle se présentait dans des habits plus formels.







Illustration : Manuel Alvarez Bravo, Diego et Frida arrivant à San Francisco , vers 1930, México, Collection Museo Diego Rivera y Frida Kahlo






Ensuite, de 1930 à 1933 , lors de son premier voyage aux États-Unis avec Diego Rivera qui avait accepté plusieurs commandes importantes sur place, elle fait sensation à New-York , San Francisco puis Detroit , optant pour une mise en avant de ce que les critiques désigneront par le terme “mexicanidad” ou “mexicanité”. Sur cette photographie du célèbre photographe mexicain Manuel Alvarez Bravo figurant le couple à son arrivée à San Francisco, elle est parée de sa robe tehuana ainsi que de son désormais inséparable

rebozo , le châle traditionnel mexicain.


Autant le galeriste avant-gardiste Julien Lévy (1906-1981) que le photographe hongrois Nickolas Muray (1892-1965), et tant d’autres qu’elle rencontre durant ce premier voyage américain deviendront par la suite ses amants plus ou moins passagers, en plus de la célébrer dans de sublimes portraits intimes. Ces expériences américaines bien que courtes seront à la fois complexes et décisives, car si elle façonne son style si singulier, elle commence également à peindre plus sérieusement. Dans ceux-ci, Frida Kahlo apparaît nue et uniquement tressée, ou au contraire parée de son emblématique robe tehuana , dont le motif et l’origine proviennent du Tehuantepec où sa mère était née, tenue qui lui permettait à la fois de dissimuler ses infirmités, en plus de lui permettre de revendiquer son identité culturelle et géographique.



Illustration : Frida Kahlo, Frida et Diego Rivera , 1931, huile sur toile, 100 x 78 cm, San Francisco, San Francisco Museum of Modern Art


Ici autre exemple, où nous voyons un double portrait présentant le couple 2 ans après leur mariage, dans un style folklorique, primitif, naïf, avec une information descriptive inscrite dans le ruban au-dessus d’eux tenue par une colombe.


Cette inscription dérive d’une peinture mexicaine également utilisée par Rivera, précisant que le tableau a été peint à San Francisco. Les deux époux sont peints comme des locaux, tandis que Frida Kahlo s’est positionnée sur la gauche de Diego Rivera, respectant en cela le portrait de mariage classique à la mexicaine, où la position indique un statut moral inférieur à la femme. Près d’elle, Diego paraît être gigantesque, bien droit sur ses deux pieds ancrés dans le sol tel un arbre ou un rocher. Au contraire, les pieds de Frida paraissent trop petits pour supporter son poids et elle semble flotter, seulement tenue fermement par la poignée de main de Diego. Cette attitude indique une soumission de l’artiste à son mari bien plus célèbre et imposant qu’elle à cette époque. Qui plus est, Frida se représente en épouse tandis qu’elle dépeint Diego en artiste, la palette et les pinceaux à la main. Enfin, l’importance du lien marital est montrée par les mains se croisant au milieu du tableau. Ce tableau a été le tout premier représentant les Rivera ensemble ; dans les années qui suivront, et après leur divorce puis leur remariage en 1941 , Frida peindra d’une autre façon Diego, en le rendant plus petit, élément symbolique signifiant qu’elle avait pris plus d’importance que lui et que leurs rôles dans le couple s’était inversé.


"Je n’ai jamais peint mes rêves. J’ai peint ma réalité.” Frida Kahlo


Illustration :Frida Kahlo, Retrato de Luther Burbank


Et c’est lors de son séjour à San Francisco en 1931 qu’un tournant clé se produit dans sa production. En effet, pour la première fois, elle rompt avec la représentation réaliste de ses précédentes toiles pour incorporer des références à une forme d’irréalité, qui fait fi des proportions et de la perspective, en utilisant le symbole comme le moyen le plus direct et le plus fort pour exprimer une idée ou un sentiment.


Ceci est visible avec le portrait de Luther Burbank (1849-1926), horticulteur californien qu’elle avait rencontré, spécialiste de l’hybridation des plantes et qui lui rappelait sa passion d’autrefois pour la biologie et l’étude anatomique avant son terrible accident. Ce goût s’exprime ici par la représentation précise des végétaux, tandis que l’artiste met en place la notion d’hybridité, qui parcourra toute son œuvre : tous les éléments se combinent, se mêlent, et c’est ainsi qu’un cadavre peut donner naissance à un arbre, qui fait lui-même surgir un homme de son tronc. Ce lien intime entre vie et mort se nourrissant dans un cycle perpétuel sous-tendra nombre de ses œuvres. On comprend à la vue de ce portrait ce qui séduisit les Surréalistes à la fin des années 30 , même si Frida Kahlo a toujours refusé de se laisser enfermer dans leur mouvement.



J'espère que ce post vous aura plus et aura pu vous apprendre quelques petites choses sur Frida Kahlo. Un troisième post dédié à ses autoportraits arrive bientôt ! abonnez-vous au blog pour ne rien rater !

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